• la liste de Chicago

    C'était la liste de 1922 qui répertoriait les   "personnes socialement inaptes » et stérilisables"

    « Est socialement inapte toute personne qui, par son propre effort, est
    incapable de façon chronique, par comparaison avec les personnes normales,
    de demeurer un membre utile de la société. (.) Les classes sociales d'
    inaptes sont les suivantes :
    1) les débiles mentaux ;
    2) les fous ;
    3) les
    criminels (y compris les délinquants et dévoyés) ;
    4) les épileptiques ;
    5)
    les ivrognes ;
    6) les malades (tuberculeux, syphilitiques, lépreux, et

    autres atteints de maladies chroniques.) ;
    7) les aveugles ;
    8) les sourds ;

    9) les difformes ;
    10) les individus à charge (y compris les orphelins, les

    bons à rien, les gens sans domicile et les indigents). »
    (Rapport du
    laboratoire psychopathique du Tribunal municipal de Chicago, 1922, cité par

    A. Pichot in La société pure, p. 215)

    Appliquer la « sélection » au troupeau humain

    Avant même l'arrivée d'Hitler au pouvoir, dans nombre de pays occidentaux,
    les sourds de naissance constituaient déjà une des cibles privilégiées de l'
    eugénisme (eugenics en anglais), la « science » des « bonnes naissances »
    (du grec eugénès, bien né). Inventée en 1883 par Francis Galton, cousin et
    ami de Darwin, l'eugénisme se voulait l'application scientifique du
    darwinisme et de la génétique à la société humaine. Traditionnellement, on
    distingue deux formes d'eugénisme ; un eugénisme négatif visant à entraver
    la prolifération des « inaptes » (les déficients mentaux, physiologiques,
    etc.), et un eugénisme positif visant à favoriser la reproduction des plus
    « aptes » (les génétiquement conformes). Mais dans les deux cas, il s'agit
    en fait d'un seul et même projet de « biologie politique » : améliorer le
    troupeau humain en le soumettant à une sélection artificielle, basée sur des
    critères « scientifiques » (la qualité des gènes). L'eugénisme, c'est le
    projet absurde, mais rationnel, d'une « biologie » appliquée à la résolution
    des problèmes sociaux et politiques. Interprétés comme des symptômes d'une
    dégénérescence raciale, la pauvreté, le crime, les maladies, la déviance,
    doivent faire l'objet d'un traitement médical approprié.

    Les premières législations eugénistes apparaissent aux Etats-Unis dès 1907
    (Indiana) et en Europe à partir de 1928 (Suisse et Danemark), donc bien
    avant les premières lois nazies (1933). Ces législations donnent lieu à un
    véritable activisme « médical » : internements, stérilisations, castrations,
    avortements forcés, et. premières « euthanasies ». André Pichot, philosophe
    et historien des sciences, le démontre avec une grande clarté dans son
    dernier livre : « Hitler n'a strictement rien inventé, il a mis en ouvre,
    jusqu'à leur aboutissement logique, des processus qui avaient été imaginés
    par d'autres que lui, bien avant lui. Et il les a étendu aux juifs pour qui
    ils n'avaient pas été initialement conçus » (La société pure « De Darwin à
    Hitler », éd. Champ Flammarion, 2000).

    Explorer l'histoire des sourds sous le troisième Reich, c'est donc forcément
    s'interroger sur la place qu'ils occupent dans le programme d'hygiène
    raciale nazi. Témoins sourds, témoins silencieux constitue une véritable
    enquête historique. Un montage serré, très dense, combinant interventions de
    spécialistes, utilisation de documents d'archives et témoignages de sourds,
    permet de resituer la persécution des sourds par les nazis dans un cadre
    plus général : la mise en ouvre progressive, de 1933 à 1945, d'un plan d'
    extermination des « génétiquement inaptes » ; les malades mentaux, les
    handicapés, les homosexuels, les « dégénérés ». A partir d'un sujet en
    apparence très étroit, l'extermination des sourds, Stéphane Gatti et
    Brigitte Lemaine réussissent à interroger ce qui dans la biopolitique nazie
    ne relève pas de l'antisémitisme mais d'une autre idéologie meurtrière : l'
    eugénisme, idéologie partagée alors par l'ensemble des pays occidentaux
    (nous y reviendrons plus loin). On ne peut comprendre le caractère inédit et
    radical de l'antisémitisme nazi sans le rapporter à la logique eugéniste qui
    le traverse de part en part, et en fait un phénomène hybride, quelque chose
    entre la haine millénaire du Juif et le « génétisme » moderne (la
    discrimination des « génétiquement inaptes »).

    La rationalité du « mal »

    Le Kampf d'Hitler, c'est d'abord un combat pour la « santé » de la race
    aryenne, une lutte qui se situe, et c'est là sa nouveauté radicale, sur le
    plan biologique (« Mein Kampf », Mon combat, manifeste d'Hitler). Le pouvoir
    nazi s'exprime dans une langue médicale. L'existence de « tribunaux de santé
    héréditaire » (1700) où siégeaient des médecins, de « certificats de
    stérilisation », d'une « police de l'hygiène », d'« instituts d'
    uthanasie », tout cela témoigne de l'emprise exercée par la médecine sur l'
    appareil d'Etat nazi.

    (ça vous rappelle pas l'époque actuelle ?...

    Si le Troisième Reich n'était pas un Etat de droit,
    cela ne veut pas dire pour autant qu'il fonctionnait en dehors de toute
    légalité. Bien au contraire, c'était une sorte d'Etat médico-légal où tout,
    y compris les pires atrocités, était soumis à des procédures minutieuses, à
    des formulaires détaillés, à un méticuleux contrôle juridique, administratif
    et médical. Il n'y a pas d'Etat totalitaire sans le soutien d'une
    bureaucratie moderne et efficace, d'une police bien organisée, d'un système
    d'identification des citoyens fiable, de bases de données médicales,
    sociales, politiques (indispensables pour le recensement des Juifs, des
    communistes, des « anormaux ») régulièrement alimentées, de techniques de
    répression bien rôdées (camps d'internement, placement d'office en hôpital
    psychiatrique, bagne). « Les fascismes a utilisé et étendu
    les mécanismes déjà présents dans la plupart des autres sociétés. Malgrétoujours
    leur folie interne, ils ont, dans une large mesure, utilisé les idées et les
    procédés de notre rationalité politique », explique Foucault dans un de ses
    entretiens (« Le sujet et le pouvoir », in Dits et écrits IV). La « banalité
    du mal » dont parle Hannah Arendt (cf. Eichmann à Jérusalem : rapport sur la
    banalité du mal, éd. Folio) s'inscrit donc dans une rationalité politique
    que le nazisme pousse à son paroxysme. Il y a une pathologie propre à nos
    sociétés technologiques avancées, une sorte de « surproduction de pouvoir
    que le stalinisme et le fascisme ont sans doute manifestée à l'état nu et
    monstrueux » (Conférence de Foucault : « La philosophie analytique du
    pouvoir », Dits et écrits III).

    Le Troisième Reich n'a pas détruit les structures juridiques et
    administratives qui lui préexistaient, il les a juste reconverties à son
    profit en y injectant sa « biologie raciale ». Jean-Pierre Baud, historien
    du Droit, caractérise le régime nazi par la mise en place d'un « système
    parfait de légalité scientifique » où « les juristes étaient conviés à faire
    fonctionner, en tant que juges (un juriste contre deux médecins) et avocats,
    des « tribunaux de santé » chargés de prononcer des «
    condamnations-diagnostics » pour les cas relevant de la stérilisation » («
    genèse institutionnelle du génocide » in La Science sous le Troisième
    Reich). La médecine - sa norme (le partage du normal et du pathologique),
    son langage, ses experts - était indispensable au bon fonctionnement et à la
    légitimation de la machine à tuer nazie. Tout était très légal et très
    sanitaire ! Stérilisations, avortements forcés, gazages, crémations étaient
    des « procédures » soumises en permanence au contrôle médical.

    Calquée sur le modèle de la loi eugéniste californienne de 1909, la première
    loi nazie traduit bien l'importance de la médecine dans le système politique
    et idéologique nazi. C'est une véritable ordonnance médicale : « Loi sur la
    prévention des descendances atteintes de maladies héréditaires ». Elle fut
    votée le 14 juillet 1933 et mise en application le 1er janvier 1934. En
    voici le premier article (à rapprocher de la liste des personnes
    stérilisables établie par le tribunal de Chicago en 1922 : lire encadré
    ci-contre).

    « Toute personne, atteinte d'une maladie héréditaire, peut être stérilisée
    au moyen d'une opération chirurgicale si, d'après les expériences de la
    science médicale, il y a lieu de croire que les descendants de cette
    personne seront frappés de maux héréditaires graves, mentaux ou corporels.

    Est considérée comme atteinte d'une maladie héréditaire grave toute personne
    qui souffre des maladies suivantes :

    Débilité mentale congénitale ; schizophrénie ; folie circulaire ; épilepsie
    héréditaire ; danse de Saint-Guy héréditaire ; cécité héréditaire ; surdité
    héréditaire ; malformations corporelles graves et héréditaires. Peut être
    aussi stérilisée toute personne sujette à des crises graves d'alcoolisme ».

     

    La stérilisation, un principe d'hygiène raciale

    A la lecture de cette loi, on pourrait croire que la stérilisation se réduit
    à un banal acte thérapeutique. Dans Témoins sourds, témoins silencieux,
    Horst Biesold, un spécialiste de l'histoire des sourds, rappelle que «
    toutes les victimes de stérilisation sont passées par la mort psychique ».
    Stériliser, c'est un euphémisme médical qui recouvre un acte criminel, c'est
    une castration sophistiquée, une éviscération soft ! Elle aura beau être
    réalisée sous anesthésie, avec des instruments aseptisés, par des hommes
    portant des blouses blanches et des gants de latex, une mutilation restera
    toujours une mutilation. La violence chirurgicale de la stérilisation
    compromet de manière irréversible l'intégrité physique d'une personne. Les
    séquelles psychologiques et organiques sont considérables. Pour les hommes,
    les médecins SS procédaient à une vasectomie (ligature des canaux
    déférents), pour les femmes, ils amputaient l'intégralité de l'utérus. Ces
    opérations chirurgicales, qui entraînaient parfois la mort, étaient
    réalisées aussi sur des enfants. Dans le documentaire, une sourde explique
    comment elle a été contrainte avec son frère et sa sour, alors qu'ils n'
    étaient encore que des enfants (entre 8 et 12 ans), à être stérilisés. Dans
    les instituts pour sourds, des professeurs livraient aux hôpitaux des
    classes entières à stériliser. A chaque fois que Horst Biesold se rendait
    pour faire des recherches dans ces instituts, comme par magie, leurs
    archives disparaissaient.

    La difficulté qu'on a à reconstituer l'histoire des sourds sous Hitler n'est
    donc pas liée au seul défaut de parole de ces derniers. Il y a aussi le
    silence délibéré d'institutions qui ont souvent fait disparaître tout ce qui
    pouvait les compromettre, tout ce qui pouvait révéler leur implication dans
    la persécution de ceux qu'elles étaient sensées protéger. Si on sait qu'un
    tiers des adultes sourds ont été stérilisés sous les nazis, on ne dispose
    pas d'estimations fiables pour les enfants. Pour l'ensemble des personnes
    dites malades mentales, handicapés, déviantes etc., c'est plus de 400 000
    stérilisations qui ont été opérées. Il faut savoir que dans les hôpitaux(assainissement
    des lieux, pasteurisation des produits, stérilisation des objets)

    psychiatriques, des sourds étaient souvent internés du seul fait qu'ils
    étaient muets (ce n'est pas propre à l'Allemagne) ; ils étaient jugés «
    idiots » (en anglais Dumb signifie à la fois muet et stupide). Le terme de
    malade mental avait une acception très large, ce qui fausse les estimations
    aussi bien pour les sourds que pour les dits « malades mentaux ».

    En tant que concept et pratique hygiénique par excellence, la stérilisation
    joue un rôle clé dans l'eugénisme nazi : la Rassenhygiene (hygiène raciale).
    Stériliser cela peut signifier deux chose : 1) Supprimer la capacité de
    procréer, rendre infécond. 2) Aseptiser, désinfecter, purifier par la
    destruction des toxines et microbes. L'eugénisme opère la synthèse parfaite
    de ces deux significations. Comment ? Par le renversement du principe même
    de l'hygiène moderne. Fondée sur la micro-biologie de Pasteur, celle-ci vise
    à prévenir les maladies par l'action sur le milieu de vie (assainissement
    des lieux, pasteurisation des produits, stérilisation des objets). Avec l'
    eugénisme, ce n'est plus le milieu (extérieur) dans lequel évolue l'
    organisme qu'il s'agit d'assainir, de purifier, mais l'organisme lui-même (l
    'intérieur) et au-delà de lui-même la race, l'hérédité, le sang qui coule à
    travers tous les organismes individuels d'un même Volk (Peuple). Pour un
    médecin nazi, stériliser c'est certes détruire la capacité de reproduction d
    'une personne jugée « génétiquement inférieure », mais c'est surtout
    prévenir une descendance « dégénérée », et donc stopper une infection qui
    menace la pureté du sang aryen. L'eugénisme, ce magma de théories délirantes
    (essentiellement anglo-saxones) sur l'hérédité génétique, permet de donner
    bonne conscience au médecin : « Je ne stérilise pas un individu, se dit-il,
    je soigne le peuple allemand ! ».

     

    Tuer pour soigner

    Faire de l'hygiène raciale un programme politique, c'est faire de la santé
    du Volk (peuple) l'objectif ultime du gouvernement des hommes (hygiène vient
    du grec hugieinon, santé). L'ennemi du peuple allemand n'est donc ni un
    ennemi politique, ni même un peuple mais la « maladie ». Dans l'idéologie
    nazie, le Juif c'est la figure, le phantasme, l'incarnation du mal
    biologique. La lutte ne peut donc être qu'une lutte à mort, celle d'un
    organisme sain contre les virus et infections qui le menacent. Il y a un
    rapport nécessaire entre hygiène raciale et extermination, santé des Aryens
    et « euthanasie » des « dégénérés » : on ne négocie pas avec une tumeur, on
    l'élimine. La logique purificatrice du programme nazi de stérilisation
    contient déjà en germe le génocide. En effet, dans l'extermination il s'agit
    toujours d'empêcher la reproduction des « sous-hommes », mais cette fois-ci
    en retranchant la vie elle-même et non plus seulement la faculté de se
    reproduire. « Dans l'esprit des nazis, le génocide des Juifs et des Tziganes
    était indissociable de la stérilisation et de l'« euthanasie » des «
    dégénérés » ; il s'inscrivait dans un ensemble de mesures sanitaires
    destinées à préserver la race » (« Genèse institutionnelle du génocide »,
    J-P. Baud in La science sous le troisième Reich, éd. Seuil). L'hygiène
    raciale nazie va plus loin que l'eugénisme classique, elle ne se contente
    pas d'inverser le principe de l'hygiène en l'appliquant à l'hérédité, elle
    renverse le principe même de la médecine. Désormais, il faudra tuer pour
    soigner, tuer pour vivre. Dans le documentaire de Brigitte Lemaine, Yves
    Ternon (spécialiste de la médecine nazie) l'explique clairement : « L'
    inversion morale des médecins nazis et surtout des médecins SS était telle
    qu'ils tuaient en s'imaginant soigner la race allemande, le peuple allemand,
    le sang allemand ! ». Ce que confirment les propos du docteur Klein, un
    médecin SS qui supervisait des exécutions massives : « Mon serment d'
    Hippocrate me dit de faire l'ablation d'un appendice gangréneux d'un corps
    humain. Les Juifs sont l'appendice gangréneux de l'humanité. C'est pourquoi
    j'en fais l'ablation » (« genèse institutionnelle du génocide » in La
    Science sous le Troisième Reich, J-P Baud).

     

    C'est en octobre 1939, que s'opéra le passage de la stérilisation à l'
    extermination des « malades mentaux ». Hitler signa le décret secret suivant
    : « Le Reichleiter (directeur) Buller et le docteur Brandt sont chargés d'
    étendre les attributions de certains médecins, à désigner nominativement, en
    vue d'accorder une mort de grâce (Gnadentod) à des malades qui dans les
    limites du jugement humain et sur la base d'un examen critique de leur
    maladie doivent être considérés comme incurables. » Dans le film de B.
    Lemaine, Claire Ambroselli rapporte l'origine de ce décret à un livre que
    lut attentivement Hitler alors qu'il était en prison, en 1923 : Die Freigabe
    der Vernichtung lebensunwerten Lebens [La libéralisation de l'extermination
    des vies indignes d'être vécues], un ouvrage écrit en 1920 par un juriste,
    Karl Binding, et un psychiatre, Alfred Hoche. On y lit par exemple qu'« un
    médecin doit avoir le droit d'utiliser l'euthanasie sur toute personne
    inconsciente et sans conséquences légales » ; qu'« il existe des individus
    qui sont sans aucune valeur pour la société. Parmi ceux-ci on peut classer
    les pensionnaires des établissements pour idiots (les asiles) qui sont non
    seulement sans valeur mais d'une valeur absolument négative » ; que « les
    idiots incurables qui ne peuvent donner leur accord ni pour survivre ni pour
    être tués devraient être tués ». Les nazis exauceront les voeux de ces
    eugénistes au-delà de toute espérance.

    L'opération secrète d'élimination des « inaptes » fut baptisée Aktion T4
    parce que son quartier général se situait au numéro 4 de la
    Tiergartenstrasse (rue), à Berlin. Témoins sourds, Témoins silencieux l'
    analyse en détail. Pour plus de confidentialité, la responsabilité du
    programme T4 était répartie entre trois entités séparées : le
    Reichsarbeitsgemeinschaft Heil und Pflegeanstalten, le groupe de travail du
    Reich sur les sanatoriums et les nurseries, qui avait pour objectif le
    recensement des patients à éliminer. La Gekrat (Gemeinnützige
    Krankentransporte), une société de droit privé chargé du transport, discret,
    des patients vers les centres de gazage. Enfin, le Gemeinnützige Stiftung
    für Anstaltspflege qui assurait dans les instituts d' « euthanasie » la
    construction des chambres à gaz, des fours crématoires, la formation des
    personnels et la gestion financière du programme T4.

    « Euthanazie » : la préparation d'Auschwitz

    Il y aura en tout six centres de mise à mort, chacun désigné par une lettre.
    A pour Grafeneck, B et Be pour Brandenburg/Bernburg, C pour Schloss
    Hartheim, D pour Sonnenstein et E pour Hadamar. C'est dans ces lieux
    dénommés pudiquement instituts d'« euthanasie » (euthanasia : mort douce en
    grec) que seront mises au point par les médecins SS les premières chambres à
    gaz et fours crématoires. Initialement prévue pour les seuls malades dits
    « incurables », la mise à mort (pas douce du tout !) fut étendue « aux
    vieillards séniles, aux alcooliques, aux impotents, aux grabataires et aux
    « asociaux » divers (indigents, vagabonds, prostituées, et autres) » (La
    société pure, Pichot). Bien sûr, les malades juifs étaient systématiquement
    éliminés.

    Témoins sourds, témoins silencieux insiste à plusieurs reprises, et avec
    raison, sur la responsabilité énorme des médecins dans l'industrie de la
    mort nazie : « C'est évident que concevoir dans une institution médicale une
    chambre à gaz, c'est la première phase d'un crime contre l'humanité qui
    était déjà réalisé par les médecins ! » (Claire Ambroselli). Les médecins n'
    étaient pas de simples fonctionnaires se contentant d'exécuter les
    directives ; ils prenaient des initiatives, élaboraient des hypothèses et
    des dispositifs, et les expérimentaient sur les cobayes humains qui leur
    étaient confiés. Il y avait une véritable concurrence entre eux, c'était à
    qui découvrirait le moyen de stérilisation, d'avortement ou d'élimination le
    plus efficace et le plus économique.

    L'opération T4, ce n'est pas un programme d'« euthanasie » mais la première
    extermination de masse hitlérienne. Elle a débuté en effet bien avant le
    lancement, en 1942, de la « solution finale » (l'élimination totale des
    Juifs et des Tziganes). Selon le rapport rédigé en décembre 1941 par le
    docteur Theo Lang, sur la seule période allant de janvier 1940 à août 1941,
    200 000 « malades mentaux » ont été exterminés, à quoi il fallait ajouter au
    moins 75 000 vieillards (ces chiffres ont été retenus par le tribunal
    militaire international de Nuremberg cf. La société pure, Pichot, p. 267).
    Le rapport du Dr. Lang révèle à quel point les nazis avaient une conception
    large de la « maladie mentale » : « La façon de procéder suivante est
    utilisée avec les vieilles gens encore en parfaite santé et vivant chez eux
    ; un dirigeant politique les convoque, puis un médecin, généralement SS,
    établit que ces vieilles gens sont mentalement déficientes. Il suggère de
    les mettre en tutelle et de les envoyer à un établissement ; de là, ces
    vieilles gens sont envoyées aux chambres à gaz » (extrait de La société
    pure). Officiellement supprimée le 24 août 1941, sous la pression de l'
    Eglise catholique et de l'opinion publique, le programme d'extermination des
    « malades mentaux » se poursuivit sous un autre nom, « Aktion 14f13 »
    (numéro d'un formulaire administratif) et sous d'autres formes : « gazage
    dans des installations mobiles, injection de diverses substances toxiques ou
    privation de nourriture jusqu'à la mort (notamment pour les enfants) » (La
    société pure).

    Témoins sourds, témoins silencieux se conclut en soulignant la continuité
    qui existe entre l'opération T4 et la « solution finale » : « ces médecins
    qui avaient terminé leur travail à Hadamar (institut d'euthanasie), ils
    avaient tué tous les handicapés ou soi-disant handicapés, ces médecins ont
    été mutés à Auschwitz. Là, il pouvaient continuer leurs expériences et le
    gazage des gens : les Juifs. Voilà la continuité de la loi de prévention des
    maladies héréditaires aux rampes d'Auschwitz. » (intervention de Horst
    Biesold).

    Pour une « dé-eugénisation » de nos démocraties

    Si on parle souvent de la nécessité d'une « dénazification » de l'Allemagne
    et de l'Autriche, on n'envisage jamais par contre la nécessité d'une «
    dé-eugénisation » de nos démocraties. Un tabou pèse encore sur l'histoire de
    l'eugénisme dont l'importance est systématiquement occultée par la plupart
    des historiens. Trop de personnalités (des scientifiques et intellectuels de
    premier plan), trop d'institutions (des hôpitaux, des firmes bio-chimiques,
    des fondations), trop de pays sont impliqués dans ce qui fut, à un moment
    donné, considéré comme la solution pratique idéale pour régler
    définitivement les problèmes sociaux. Trop d'intérêts sont en jeu, ceux de
    la génétique moléculaire et de ses puissants alliés (le lobby médical et les
    firmes biotechnologiques).

    Pourtant, il est urgent de mettre au jour cette part refoulée de notre
    passé.... Récemment encore, dans certaines de nos démocraties les plus
    progressistes, on stérilisait et internait à grande échelle les « faibles d'
    esprits », les « asociaux ». « Au mois de mai 1999, le Parlement suédois
    décidait d'indemniser les victimes de la politique de stérilisation forcée
    dans ce pays entre 1934 et. 1975 » (Laurence Jourdan, Eugénisme en Europe
    dans l'entre-deux-guerres, Le Monde diplomatique, octobre 1999). Une
    commission d'enquête parlementaire a établi qu'environ 63 000 personnes y
    ont été stérilisées, dont 90% de femmes ! Les trois-quarts des
    stérilisations eurent lieu après 1945 ! Pour justifier cette pratique, l'
    Etat suédois invoqua la nécessité d'une « sélection sociale » et le bénéfice
    d'une réduction des frais d'aide sociale.

    Le cas de la Suède (il y a aussi celui de la Norvège, des Etats-Unis, de la
    Suisse où, selon un rapport d'une école d'infirmières zurichoise, on a
    stérilisé des femmes jusqu'en 1987 !) est particulièrement révélateur, il
    montre comment la logique criminelle de l'eugénisme peut fonctionner en
    dehors de toute référence à l'anti-sémitisme ou à une forme quelconque de
    racisme « ethnique ». Ce qui lui est essentiel c'est le phantasme d'une «
    société pure », c'est la volonté de purifier la société de tout ce qui est
    indésirable, que ce soit sur le plan biologique (maladies héréditaires ou
    supposées telles), sur le plan psychologique (maladies mentales, déficiences
    intellectuelles.) ou sur le plan social (alcoolisme, délinquance, «
    nomadisme ».). L'exemple de la Suède le montre à merveille, l'eugénisme c'
    est la superposition de deux logiques : une logique « biologique » d'
    amélioration du « patrimoine génétique », et une logique économique d'«
    élimination des vies inutiles, de ceux qui coûtent cher à la société et n'
    apportent rien » (extrait de Témoins sourds.).

    L'« euthanasie du foetus »

    17 novembre 2000 : le jeune Nicolas Perruche, un garçon gravement handicapé,
    en raison d'une rubéole maternelle non diagnostiquée à temps, a obtenu de la
    justice le droit d'être indemnisé du fait du préjudice de sa naissance.
    Bref, Nicolas a été indemnisé du fait de n'être pas mort, du fait de ne pas
    avoir été avorté. 28 novembre 2001 : la jurisprudence Perruche est confirmée
    par la Cour de cassation pour le cas de Lionel, un enfant atteint d'une
    trisomie 21 non détectée durant la grossesse et qui donc n'a pu être avorté.
    Une indemnisation lui a donc été accordée en réparation du préjudice que
    constitue sa naissance (sic !). La reconnaissance de cette sorte de « droit à ne pas
    naître » n'est pas sans rappeler le « droit à la mort » des eugénistes, la
    Gnadentod des nazis (la « mort de grâce » accordée à des handicapés qui ne l
    'avaient pas demandé.) Comme le souligne André Pichot dans La société pure,
    l'eugénisme contemporain se fonde « sur les possibilités de dépistage
    prénatal des maladies héréditaires, dépistage éventuellement suivi d'un
    avortement. (.) on parle parfois, dans le cas du dépistage suivi d'un
    avortement, d'« euthanasie du foetus ». (.) ces nouvelles mesures
    correspondent tout à fait à la définition et au projet eugénistes (assurer
    la production d'êtres « bien nés ») ».

    Et c'est ce qu'exprime très précisément le généticien contemporain Francis
    Crick, prix Nobel, avec J. Watson, pour sa découverte de la structure de l'
    ADN : « Aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d'avoir
    passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique. S'il ne
    réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie » (cité par P. Thuillier,
    « La tentation de l'eugénisme », La recherche n°155, 1984). En cela d'
    ailleurs, il ne fait preuve d'aucune originalité puisque le psychiatre
    Alfred Plötz, fondateur en 1905 de la société allemande d'hygiène raciale,
    écrivait déjà en 1895 : « S'il arrivait que le nouveau né fût un enfant
    faible et d'espèce médiocre, une mort douce (euthanasia) lui sera procurée
    par le conseil médical, qui décide des papiers d'identité des citoyens de la
    société ; disons avec une légère dose de morphine. » Avec la prolifération
    des tests prénataux, des « kits » de diagnostic génétique - tous brevetés et
    lucratifs -, se profile une dérive possible vers un « eugénisme
    consumériste » : sous prétexte d'offrir aux parents une plus grande liberté
    de choix, on les incitera en fait à sélectionner les « génétiquement
    conformes ». Les associations d'handicapés l'ont compris, la traque au fotus
    « génétiquement inapte » réduit sans cesse la perception que nous avons de
    la normalité et aggrave par là-même le rejet de tous les handicapés. 

    Vous pouvez commander Témoins sourds, témoins silencieux à CNRS Diffusion : 1, place Aristide Briand 92195 Meudon Cedex. Tél. : 01.45.07.56.86.

    (n'oubliez pas les aspects contemporains de toutes ces choses ... - encore une de ces vidéos qu'on ne peut pas intégrer dans un blog, because censure tous azimuts ! alors voilà le lien ! cliquez dessus :

    https://fulllifechannel.com/v/222?channelName=JeanJacquesCrevecoeur   )

     

    au delà de la France même ! l'humanité la dignité, c'est un combat humain fondamental

    regardez dans les rues ce que sont devenus les français :  ils ont bien leur brassard avec la croix gammée, replié sur le bras, mais bien là pour pouvoir le montrer à la Gestapo en cas de besoin ! (que celui  qui a des oreilles entende)

    image001.png

    ça fait plus de vingt ans que je voyait tout ça venir, vous n'avez pas voulu m'écouter, les français n'ont pas refusé, n'ont pas résisté, ont refusé de s'inquiéter, maintenant il est trop tard !

    Passez en revue toutes les innovations que depuis 30 ans les gens ont acceptées sans broncher, voire avec approbation, elles les habituaient à ce qui leur arrive maintenant.

    et en particulier pensez aux cookies que les sites informatiques de merde, capitalistes totalitaires, imposent à leur visaiteurs - ils lees OBLIGENT  à ACCEPTER à coudre avec leurs petites mains une étoile jaune sur leurs propres vêtements, non, pardons ! j'ai confondu, à se faire injecter dans le corps des vaccins dangeereux plein de "smart-dust " pour les tracer, ah non j! j'ai encore confondu à accpeter qu'ils INJECTE DANS LEURS ORDINATEURS ChHEZ EUX des fichiers informatiques qui seront stockés dans votre ordinateur pour vous espionner , et des millions de gens , fourriers collabos et passifs du fascisme acceptent ça !!! sans réfléchir !!! allez vous étonner qu'après ils acceptent la vaccination, le salut hitlérien,  les caméras de vidéo-surveillance, les téléphones portables, n'importe quoi, se rendent-t-ils compte ces décérébrés sans honneur qu'ils se s'habituent ainsi à tout accepter, et qu'ils se font les fourriers du fascisme ??? à vomir !!!

    « la vie moderne, la société civilisée et conviviale qu'on croyait évidente, entre humains, en République, ça n'aura pas duré longtempsil faut que les français se refassent une culture politique ! et rétudient la démocratie avec Etienne chouard, et la lutte des classes avec Karl Marx »
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